Les autoroutes – JMU 2014 – SFU Nord-Pas de Calais et Picardie

Les autoroutes étaient au cœur de la seconde intervention, menée par Philippe Thomas, paysagiste dplg et urbaniste opqu. En s’appuyant sur le développement autoroutier de l’agglomération de Valenciennes, où l’A2 et l’A23 quadrillent le paysage, Philippe Thomas a détaillé les faiblesses du tout-autoroutier. Les élus locaux ont financé à la construction de l’A23 et ils considèrent, avec les acteurs économiques, que le réseau autoroutier est un vecteur essentiel du développement. Aussi veulent-ilsmultiplier les échangeurs pour desservir des zones d’activité directement depuis l’infrastructure. Paradoxalement, le résultat de cette démarche conduit à isoler ces secteurs du tissu local et à enclaver des quartiers. D’une part, l’argent investi dans ces échangeurs ne l’est pas dans le réseau secondaire, qui mériterait d’être développé ; d’autre part les échangeurs, très consommateurs d’espace, génèrent des coupures fortes dans le territoire, qui nécessitent ensuite la mise en œuvre de projets « réparateurs » pour les atténuer ou pour rétablir des continuités disparues. Il rend également obligatoire le recours à la voiture pour les liaisons domicile–travail.

Tout miser sur l’autoroute a conduit à négliger d’autres pistes au détriment d’une véritable équité dans la desserte du territoire local. Ainsi par exemple, les voies fluviales n’ont pas fait l’objet de l’attention qu’elles méritaient, alors qu’un certain nombre de pôles d’activité du valenciennois utilisaient ce mode de déplacement. Avec le surinvestissement sur le réseau autoroutier, les entreprises ont eu tendance à délaisser un mode de transport qui permettait de mieux répartir la charge. Ces exemples montrent à quel point la mobilité doit s’envisager comme un tout, sans privilégier un mode de transport sur un autre. Du point de vue de l’équité, l’enjeu n’est pas tant dans la création de nouveaux échangeurs que dans la façon dont les échangeurs existants vont pouvoir participer au maillage du territoire qui fait défaut. Une réflexion globale, qui prend en compte aussi bien les déplacements longs que les derniers kilomètres, est essentielle.