COLONIALISME ET URBANISME, Saïd Almi

Saïd Almi, docteur en urbanisme, a publié in extenso, en arabe à Alger, ses recherches qui avaient déjà fait l’objet d’un premier livre publié en France.
Saïd ALMI Colonialisme et urbanisme 1
Saïd ALMI Colonialisme et urbanisme 2

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COLONIALISME ET URBANISME
Politiques coloniales et urbanisme en Algérie
Préface : Pr Abdeljelil Temimi
Traduction : Nasrine Louli et Mohamed-Reda Boukhalfa
Editions Dar Khettab, Alger, 2013

Saïd Almi :
« Ce livre est le fruit de longues années de recherche patiente. L’envie de savoir l’ayant toujours emporté sur le reste, le temps y a perdu sa mesure.
Fondamentalement, une question s’est toujours posée : comment échapper aux interprétations idéologiques charriées par l’historiographie relative à la présence française en Algérie ? En empoignant directement, m’a-t-il semblé, les sources d’information, en puisant dans les documents de première main.
La volonté de comprendre les polémiques dont l’urbanisme fait l’objet en Algérie depuis l’accession du pays à son indépendance a toujours constitué une motivation première. Pour ce faire, il a fallu rechercher les clés nécessaires à l’analyse et à l’interprétation de notre situation urbaine en en déterminant les grands cadres conceptuels. Ce choix a entraîné deux conséquences méthodologiques: d’une part, la nécessité d’entreprendre ce que Michel Foucault eût appelé « une archéologie des démarches urbanistiques », en remontant jusqu’aux débuts de l’époque coloniale ; d’autre part, le souci de ne pas dissocier ces démarches du contexte culturel (politique, économique, social, mais aussi épistémologique), dans lequel elles étaient élaborées. En d’autres termes, il me fallait devenir historien, ou tout au moins acquérir un minimum de compétences dans ce domaine.
La lecture systématique – elle aurait voulu être exhaustive – de la littérature coloniale et des supports de presse locaux a fait clairement apparaître trois grands courants idéologiques ou culturels, relevant respectivement de la politique militaire des conquérants, du fouriérisme et du saint-simonisme. Les historiographes ont curieusement perdu de vue l’importance de ces deux dernières doctrines, apparues très tôt en Algérie, et négligé leur rôle dans la genèse de deux grands principes : l’assimilation, initiée par les fouriéristes et reprise à leur compte, non sans contradiction, par les colons, et l’association, propre aux saint-simoniens. Quant au rôle de l’administration militaire, il est généralement observé à travers le seul prisme des expéditions armées et des campagnes de guerre. Or, ce rôle fut, tout compte fait, tout autre. Il fut dominateur certes, mais « protecteur ». Et l’ordre civil fut, paradoxalement, plus répressif à l’égard des musulmans que l’ordre militaire. En d’autres termes, derrière l’apparente homogénéité du colonialisme, on peut découvrir une sorte d’ »hétérogène », pour reprendre un mot-clé de L’opération historique de Michel de Certeau (1).
La mise en évidence des trois principes idéologiques en question, assimilation, association et domination protectrice a permis de comprendre la diversité des politiques coloniales adoptées successivement, avant de fournir un fil conducteur pour penser, en matière d’urbanisme, l’hétérogénéité de démarches aussi différentes que celles d’un Prost, d’un Le Corbusier ou d’un Socard (entre autres), trois grands chefs de la pensée urbaine algérienne. Ainsi donc, j’ai été conduit à confronter, terme à terme, les tendances observées dans les champs respectifs de l’aménagement (conception et organisation des établissements humains) et de la politique coloniale. Entre les unes et les autres, une curieuse analogie a été relevée.
Destiné aussi bien aux enseignants et aux étudiants des établissements d’architecture et d’urbanisme qu’aux spécialistes de l’aménagement de l’espace urbain, cet ouvrage se veut aussi un manuel de vulgarisation. Le grand public féru d’histoire et de questions de gouvernance y puisera à coup sûr une substance utile à la compréhension des réalités algériennes. »

Urbaniste SFU, Saïd Almi est membre du Conseil d’adiministration de la Société Française des Urbanistes, en tant que chercheur en urbanisme. Il s’investit dans des rencontres sur le développement durable et il intervient dans des colloques en France, en Tunisie ou au Maroc.
Il nous dit :  » les lecteurs arabophones sont demandeurs. Je suis d’ailleurs toujours en quête d’une âme sensée pour la traduction de l’italien vers l’arabe de Il Progetto locale. »
Voir ICI la communication de Saïd Almi sur le Projet local de Magnaghi effectuée à Tunis en février 2009   (27e Forum de la Pensée contemporaine sur La société du savoir et la recherche scientifique dans les pays arabes : Etat et perspectives. Organisé par la Fondation Temimi pour la Recherche scientifique et l’Information et la Fondation Konrad Adenauer, Tunis, 5-7 février 2009)