Embellissement des villes : le magazine Le Moniteur rend compte du dernier Rendez-vous de la SFU

Faut-il le rappeler ? les Rendez-vous de la SFU sont ouverts à tous, membres de notre association, mais aussi tous ceux qui s’intéressent à l’urbanisme et notamment les journalistes  spécialisés. Laurent MIGUET, journaliste au magazine Le Moniteur nous a ainsi fait le plaisir de participer au dernier Rendez-vous. Organisé en visio-conférence, il traitait de l’Embellissement des Villes et fut introduit par Samuel BARGAS, sociétaire SFU et urbaniste qualifié OPQU, chef de projet PLU de la Ville de Vitry sur Seine. 

Nous reproduisons ci-dessous, avec son aimable autorisation, l’article rédigé par Laurent MIGUET suite au débat, et publié dans l’édition numérique du 12 octobre. Pour ceux qui souhaitent prendre directement connaissance de cet article sur le site du magazine, c’est ici.

Enfin l’enregistrement de l’exposé de Samuel BARGAS et du débat qui a suivi seront très prochainement disponibles sur la chaîne You Tube de la SFU.

 

Vitry-sur-Seine, vitrine de l’embellissement urbain

Laurent Miguet / LE MONITEUR |  le 12/10/2021

L’embellissement continue à inspirer la société française des urbanistes (SFU), 102 ans après l’entrée en vigueur du texte fondateur : la loi Cornudet, qui a institué les « plans d’aménagement, d’embellissement et d’extension des villes ». Depuis qu’elle en a fêté le centenaire, l’association déroule la pensée du député républicain Honoré-François-Joseph Cornudet des Chaumettes comme un fil d’Ariane. La conférence du 11 octobre a apporté l’éclairage de la ville de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne).

Sur 3,9 km de son axe central Nord-Sud désormais surnommé le « boulevard des arts », la plus grande ville du Val-de-Marne profite de la prochaine mise en service du tramway pour donner toute sa puissance à sa politique d’art urbain.

Fin 2020, la rénovation de la sculpture de Dubuffet a symbolisé le volontarisme municipal : la « chaufferie avec cheminée » a retrouvé sa place en face du musée départemental d’art contemporain Mac Val, au centre du boulevard des Arts. L’implantation n’a rien de fortuit : le Mac Val stocke un fonds de 400 œuvres graphiques et photographiques, constitué par la commune.

Démocratiser l’art contemporain

« Communiste depuis 1925, la municipalité a désigné en 2009 la démocratisation de l’accès à l’art contemporain comme un cheval de bataille », décrypte un représentant de la ville invité le 11 octobre par la société française des urbanistes (SFU) pour une conférence sur « L’embellissement urbain » : une notion que l’association s’emploie à dépoussiérer depuis qu’elle a fêté en 2019 le centenaire de la loi Cornudet, premier socle réglementaire de la planification urbaine en France. Vitry-sur-Seine assume son interprétation opposée au marketing territorial dans lequel s’engouffrent de nombreuses collectivités.

L’entrée de l’ancienne route nationale 305 dans le giron des collectivités a donné à la stratégie artistique un support de recomposition urbaine, avec son séquençage. Trois services s’y emploient : Arts et territoire, Etudes urbaines et planification, Urbanisme opérationnel.

Fresque géante et abstraite

Dans les zones d’aménagement concerté (Zac) comme celle de Rouget-de-Lisle, la ville demande à l’aménageur de consacrer 1 % de la charge foncière à une œuvre d‘art. Dans des projets de promoteurs ou de bailleurs sociaux hors opérations publiques d’aménagement, l’autorité municipale négocie en direct avec le titulaire du permis de construire. Dans les deux cas, l’artiste jouit d’une carte blanche, après une phase d’échange avec les habitants : « Un dialogue pour l’inspirer, pas pour lui dicter son œuvre », précise le représentant de la ville.

Dans le quartier Balzac, le bailleur municipal Semise offre l’exemple le plus fort, en cette fin 2021 : à l’occasion de la rénovation thermique de la résidence Touraine, le maître d’ouvrage et la ville se saisissent de l’échafaudage pour lancer un projet de fresque, sur le mur de 29 m de  haut. Parmi trois artistes pressentis, Diane Benoit du Rey a convaincu les élus par son travail sur la couleur et la lumière. Son intervention amènera une des premières œuvres abstraites dans la collection municipale.

Futures beautés mémorielles

La conférence du 11 octobre comble un vide : « Le colloque du centenaire de Cornudet nous avait un peu laissé sur notre faim, au sujet de l’embellissement », rappelle Laurent Vigneau, co-président de la SFU. Le cas de Vitry incite à enrichir la réflexion : « Au même titre que les arts plastiques, il faut désormais intégrer dans l’embellissement la sobriété foncière, la qualité de l’air, l’accueil des sans-abri, la mixité sociale, la nature en ville et la protection du patrimoine », suggère Charles Lambert, administrateur et président d’honneur de la SFU.

Deux prochains rendez-vous pousseront Vitry-sur-Seine à explorer quelques-uns de ces horizons dans les mois à venir : la recomposition de l’ancienne gare des Ardoines avec ses ateliers de maintenance ferroviaire, et le travail de mémoire qui accompagnera la démolition des deux cheminées de la centrale à charbon, au bord de la Seine. Deux occasions d’aiguiser les regards sur la beauté industrielle, à laquelle Cornudet n’avait peut-être pas pensé.