Bernard TREY – Navaranne nous a quitté le 9 avril 2023, alors qu’il venait de franchir ses 90 années.
Sociétaire engagé de longue date au sein de la société Française des urbanistes, beaucoup se souviendront longtemps de l’incroyable capacité de Bernard à transmettre son optimisme, sa confiance et son professionnalisme pour un métier qu’il défendait toujours avec une chaleureuse conviction : l’urbanisme.
Né en 1933 à Capbreton, Bernard Trey a exercé l’urbanisme dans de nombreux pays à partir de son « chez lui » à Pau, ville à laquelle il a apporté de nombreuses contributions. Le traitement de l’entrée nord reste notamment l’un des meilleurs exemples de « Parkway » à la française, dénué de toute publicité depuis trente ans, privilégiant nature et paysage.
Diplômé de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, fidèle de l’atelier Jean Faugeron (prix de Rome), il complète son cursus avec un volet ingénierie à la rue des Saint-Pères et un volet urbanisme avec, tour à tour, l’Institut d’Urbanisme de Paris, puis le Centre de Recherche et d’Urbanisme de Paris.
Son projet diplômant se situe en Chine avec « Sur les parois de Mai-Tchin-Chan », essai sur l’habitat pariétal qui reçoit le prix Gadet et le prix du meilleur diplôme national. Par la suite, Bernard travaillera toute sa vie durant sur ces formes d’habitat.
De retour à Pau et désormais urbanisme, il donnera naissance à la première ZAC d’Aquitaine au Perlic, à Lons. Il est également mandaté par la préfecture des Pyrénées-Atlantiques dans le quartier Ousse-des-Bois et par la Direction Départementale de l’Equipement pour la traversée est-ouest de Pau.
Reçu par André Malraux en 1964 qui l’encourage à entreprendre une carrière internationale, il met à profit un séjour nord américain (Mexique, Etats-unis et Canada) pour devenir co-architecte du pavillon de la France à l’Exposition universelle de Montréal en 1966/1967 (avec Jean Faugeron et André Blouin). Ce bâtiment, devenu le Grand Casino de Montréal, demeure une référence architecturale de premier plan.
De 1978 à 1995, Bernard Trey intervient pour de longues missions internationales avec, entre autres, plusieurs années passées à Riyad dont il dessine le plan régulateur. Rentré à Pau après une dernière mission à Corte, en Corse, où il intervient dans l’aménagement de la ville et de la citadelle, il se consacre à l’enseignement et la recherche, tout en participant aux destinées du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et d’Environnement (CAUE) des Pyrénées-Atlantiques.
Entre 1998 et 2008, il développe avec les étudiants du campus de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour la notion de proxémie en écologie urbaine. Ces travaux génèrent le concept de « La longue ville que l’humanité fera pour se sauver demain« . Développé de conférences en conférences, ce concept novateur débouchera sur un ouvrage majeur qui nous donne les clefs pour « rester de taille humaine en devenant planétaire ».
Grand amateur de dessin et de piano libre (free jazz), aviateur et pilote de moto ou encore praticien de plongeons acrobatiques, les passions de Bernard illustrent une vie en perpétuel mouvement vers l’avenir. Infatigable, il dessinait encore il y a quelques mois ses projets de design sur les giratoires qui conduisent à l’aéroport de Pau-Uzein.
La société Française des Urbanistes rend hommage à une carrière exceptionnelle d’urbaniste et à un sociétaire actif durant plusieurs décennies. Bernard n’oubliait jamais de mentionner la SFU dans toutes ses réunions. À la SFU, à présent, de perpétuer le souvenir de sa convivialité et de ce qu’il représente de cette génération de grands urbanistes.
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Retrouvez les développements de Bernard sur la Longue Ville ici
Un hommage rédigé par Laurent Vigneau
