A l’occasion des Journées mondiales de l’urbanisme 2016, les urbanistes de Tours débattaient du thème : « Défis globaux, quelles sont les réponses des urbanistes ? »
Les étudiants du Master Planning and Sustainability de Polytech Tours, issus de 13 pays différents*, ont présenté à cette occasion des exemples concrets provenant de leurs pays.
Que peuvent faire les urbanistes face aux grands projets de dimension nationale, comme les grandes infrastructures de transport, les sites olympiques, qui bouleversent l’espace local ? Quelles solutions peuvent-ils apporter aux vagues migratoires actuelles en Europe, qui appellent des réponses urgentes de la société ? Suite à l’accord de Paris entré en vigueur récemment, quelles sont les conséquences pour les acteurs du cadre de vie et pour le travail des urbanistes ? Comment les urbanistes peuvent-il faire écho à la prise de conscience d’enjeux globaux tels que le réchauffement climatique, l’accès au logement et aux services de base ? Faut-il privilégier la ville compétitive ou la ville inclusive comme modèle de développement ?
Découpée en trois parties, cette conférence a taché de mettre en exergue des exemples significatifs développés aux quatre coins du monde. Voici le premier article d’une série de trois. Retrouvez les suivants à ces liens :
Le contexte compte
L’étude du contexte est un préalable à tout travail : contexte géographique, socio-économique et institutionnel… l’urbaniste doit appréhender ces différents aspects.
En matière de géographie, les conditions climatiques peuvent affecter les possibilités d’investir ou non un territoire, les ressources naturelles peuvent avoir une influence sur la présence des hommes. Mais la présence de villes et de no man’s land est-elle un simple effet de la géographie ? Si au Canada et en République Dominicaine, le climat n’a pas d’influence dans le niveau de population urbaine, ce n’est pas le cas en Russie ou à Oman. Autrement dit, si un pays intègre de grandes disparités climatiques, les populations se concentreront dans les zones les plus agréables : elles évitent le nord du vaste pays russe, et se concentrent loin des déserts à Oman.
Les dimensions territoriales du développement économique et social sont un autre aspect de l’étude du contexte. Si l’on compare les PIB du Vietnam et de l’Allemagne, cette dernière cible son effort sur le développement de son infrastructure alors que le Vietnam essaie d’améliorer les conditions économiques de sa population. Le fait que l’Allemagne doive composer avec une décroissance naturelle de la population et une immigration plus forte influe sur ses choix. L’étude du contexte économique demande également de savoir lire entre les lignes et de ne pas se contenter des chiffres officiels. Ainsi, même si certains pays présentent un taux de chômage bas, le nombre de personnes pauvres peut être élevé. Le travail au noir doit pouvoir être estimé lui aussi.
Enfin, le contexte institutionnel et la place de l’urbanisme dans le fonctionnement du pays sont essentiels. Le contexte national compte très fortement : c’est souvent à cette échelle que sont définis les objectifs et les modes d’approche du planning. L’histoire récente du pays apporte souvent un éclairage sur l’approche choisie : parfois entravé par la survivance des mentalités de politiques urbaines autoritaires, comme en Iran ou en Serbie, entravé par la faible attention portée aux dimensions spatiales du développement, ou bien privilégiant l’approche de mega-villes ou d’un équilibre entre les villes et le reste du territoire… l’appréhension de ces aspects donne un certain nombre de clés de compréhension.
*Allemagne, Canada, Chine, Egypte, Inde, Iran, Oman, Pologne, République Dominicaine, Russie, Serbie, Thaïlande, Vietnam